Une très bonne bd de Delitte axée sur un super vilains comme on n'en a pas souvent vu

Eh bien moi, qui suis pourtant un inconditionnel de Convard, j'ai été particulièrement déçu à la lecture du premier tome de cette nouvelle série qui, à priori, se poursuivra peut-être avec succés... mais sans moi !
En effet, ce Tanatos, génie du mal poseur et mégalo me paraît particulièrement figé pour un tel homme d'action : on ne le voit guère "mouiller la chemise"... De plus, dans une série qui tient à s'ancrer dans la réalité du début du XXème siècle, il est bien difficile pour le lecteur d'accepter sans sourciller toute la panoplie des technologies sophistiquées dont dispose notre "fils du mal" et qu'il déploie, sans le moindre pépin mécanique et avec un équipage réduit, aussi bien sur l'eau que dans les airs voire même sous terre. Trop fort !
Discutable, enfin, le parti pris des auteurs de régler leurs comptes avec leurs confrères (l'Association, pour ne nommer personne) au travers de pseudo articles de journaux d'époque; bien entendu, on peut considérer cela comme autant de clins d'oeil au lecteur, mais ce dernier n'est pas obligé d'apprécier... A comparer avec la réussite, dans un genre voisin par la période historique et le traitement, que constitue la série "L'ombre de l'échafaud" de Masbou et Cerqueira.

Excellent album qui met en scène un maître du machiavélisme sans scrupule tel Fantômas dans sa conquête du pouvoir. Le tout placé dans la France d'avant la Grande Guerre: celle de Jaurès, de Doumergue et de Poincaré. Le scénario de Convard est donc au poil et le dessin de Delitte n'a rien à lui envier.

Réécriture de l'histoire et polar se téléscopent, dans un récit agréable. Le dessin de Delitte est fidèle à lui-même : efficace, avec de beaux décors, mais des personnages statiques et manquant de naturel. Un bon album malgré tout.